Accusé depuis plusieurs semaines de plagiat (ou plus exactement de contrefaçon de droits d’auteur) par la chaine Youtube CopyComic, Gad Elmaleh semble vouloir contre-attaquer en demandant notamment la suppression des vidéos sur le fondement d’une contrefaçon de ses droits voisins.
Voici l’occasion de rappeler ce que sont les droits voisins du droit d’auteur définis dans le Livre II du Code de la Propriété Intellectuelle.
Se distinguant des droits d’auteur qui protègent le créateur d’œuvres de l’esprit du simple fait de leur création,
les droits voisins sont des droits exclusifs accordés aux auxiliaires de la création artistiques que peuvent être les producteurs (Articles L.213-1 et L.215-1), les entreprises de communication audiovisuelles (Articles L216-1 à L216-2) ou encore,
les artistes-interprètes définis par le Code de la propriété intellectuelle comme
(Articles L212-1 à L212-11) :
« la personne qui représente, chante, récite, déclame, joue ou exécute de toute autre manière une œuvre littéraire et artistique, un numéro de variétés, de cirque ou de marionnettes »
Aussi Gad Elmaleh peut-il, sans nul doute, prétendre détenir des droits voisins sur l’interprétation de ses spectacles, et à la différence pour l’anecdote, des candidats de télé-réalité dont les tribunaux ont pu considérer que leur «
prestation » n’impliquait «
aucune interprétation »
(Cass. 1re civ., 22 janv. 2014, n° 12-13.966 et n° 12-13.970)
L’artiste interprète jouissant en vertu de ses droits voisins du droit exclusif d’autorisation la fixation de prestation, de sa reproduction et de communication au public, ce dernier peut donc agir sur le terrain de la contrefaçon en cas d’atteinte à ses droits, des sanctions pénales étant prévues
(Article L.335-4)
Ainsi sous réserve des exceptions aux droits d’auteur et au droit voisin tels que notamment le droit de courte citation, Gad Elmaleh peut légitiment s’opposer à la diffusion de vidéos reprenant de manière substantielle les spectacles qu’il interprète.
Si dans cette affaire (avec tout la prudence qui s’impose ne connaissant pas toutes les réalités du dossier), Gad Elmaleh aurait des chances d’obtenir gain de cause sur le terrain judiciaire, une telle action risque, au final, d’ouvrir la boite de Pandore, en ce qu’elle risque de surexposer les accusations de plagiat à son encontre !
Cette affaire est ainsi l’occasion de rappeler l’obligation de conseil qui pèse sur l’avocat concernant la mise en place d’une stratégie judiciaire qui devra, non seulement prendre en compte les chances de succès des procédures susceptibles d’être engagés, mais également leurs conséquences concrètes, notamment en termes d’image et de réputation sur son client.
Alexis REYNE
Avocat au Barreau de Marseille
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